Silences! ... Harcèlement en cours

Malgré les efforts de prévention, le sujet du harcèlement moral en entreprise est plus que jamais d’actualité. Les récentes enquêtes montrent que les chiffres restent en constante augmentation.

43% des salariés se sentent mal informés sur le sujet et rencontrent des difficultés à identifier précisément les situations de harcèlement.

C’est ce que révèle une enquête réalisée par Ipsos en septembre 2022 pour Qualisocial.

Le silence creuse le sillon du harcèlement, insidieusement, tapit dans le noir … Le mettre au grand jour… pouvoir l’identifier, c’est un premier pas nécessaire… comme le serait d’identifier un poison avant d’en trouver l’antidote.

Le silence de la victime

Selon l’étude Ipsos de 2022*, seulement 34% des victimes ont informé leur employeur.

C’est le silence qui permet de garder la dignité, celui de la honte et de la peur d’être stigmatisé. Ce silence c’est celui commun à bien des victimes de violence…

Mais avant cela, un autre silence, celui de la sidération.

C’est le moment ou la victime n’arrive pas à croire ce qu’elle vit. Comme l’exprime très bien l’expression populaire, la situation nous « laisse sans voix » !

Ce phénomène de « sidération » c’est un peu comme un fusible qui sauterait dans un tableau électrique face à une surcharge trop importante. Ici la surcharge est émotionnelle.

Alors la victime se remet en cause, commence à douter, de ses capacités, de son jugement …. Et le temps commence à défiler …. silencieux de ce qui se passe.

Le silence des collègues, témoins

C’est le silence le plus important dans la dynamique de harcèlement, celui qui permet tout… celui qui rend la terre fertile et permet à la violence de germer. C’est aussi le silence de la double peine pour la victime. Selon l’étude Ipsos*de 2022, 53% des témoins, à savoir les collègues, ne réagissent pas, et 25% seulement réagissent après coup.

Mais pourquoi ?

Au commencement : la peur.

Celle de prendre la place de la victime, celle des représailles …. « La chape de plomb » qui s’installe dans les situations de harcèlement témoigne du climat de peur qui y règne! Partagés entre la peur d’intervenir et la culpabilité à se taire, les témoins de harcèlement sont en proie à ce que l’on appelle en psychologie une dissonance cognitive … Pour faire simple, nous ne sommes pas d’accord avec nous même… Et c’est très inconfortable ! Notre cerveau va alors mettre en place des mécanismes de défense pour sortir de cette dissonance cognitive. Les témoins vont alors avoir tendance à rationnaliser , à se dire que ce n’est pas si grave , qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu », et aller jusqu’à culpabiliser la victime de ce qui lui arrive …

Quelle est l’idée de mon propos ? lorsqu’on est informé et que l’on comprend les mécanismes en jeu, ce qui se joue dans les relations, nous sommes moins vulnérables et nous gardons notre liberté d’action !

L’effet spectateur ou dilution de responsabilité

Ce comportement a été théorisé dans les années 60 suite au meurtre d’une jeune femme New Yorkaise, sous les yeux d’une trentaine de personnes qui sont restés passifs… Des études réalisées plus récemment par Peggy Chekroun en 2008 montrent que si le témoin pense être seul, il va intervenir dans 85% des cas, lorsqu’ils sont 2, le chiffre passe à 62%, puis 31% lorsqu’ils sont 4 … Ce qui veut dire que plus il y a de témoins, moins il y a de chance que quelqu’un intervienne !

C’est ce qu’on appelle la dilution de responsabilité : chacun attend que les autres interviennent, et si les autres n’interviennent pas c’est que sans doute ce n’est pas si grave ! La boucle est bouclée.

A cela s’ajoute le biais de conformisme, qui est cette tendance naturelle à se conformer à l’attitude du groupe.

Le silence de l’isolement

L’isolement c’est le piège qui se referme sur la victime. Ignorer l’autre, le mettre à l’écart ou le laisser dans l’indifférence… c’est le renvoyer au « vide », comme une négation de sa propre existence. L’isolement est psychiquement destructeur, par définition… Nous construisons notre identité dès la naissance à travers les interactions avec les autres, d’abord notre figure maternante, puis en élargissant le cercle. Sans ces interactions, les conséquences sont désastreuses… Bon nombre d’expériences de psychologie sociales plus ou moins douteuses l’ont confirmé.

43% des salariés se sentent mal informés sur le sujet et rencontrent des difficultés à identifier précisément les situations de harcèlement.

La meilleure prévention : en parler, s’informer, se former …

o Se former à identifier ce que sont les situations de harcèlement et avoir les clés pour agir rapidement.

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